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Des Demoiselles pas comme les autres

4 histoires en 1 : un conte à tiroirs qui vous dévoile un des secrets les plus gardés des Hautes-Alpes

Rencontre entre un petit garçon et une Demoiselle Coiffée.

– Fiouh, eh ben, elle est raide, cette montée.

– Oui mon grand, surtout pour tes petites jambes.

– J’ai pas des petites jambes, moi !

Le papa rigola à la remarque de son fils.

– En tout cas, tu vas voir, ça vaut vraiment le coup.

Le garçon réfléchit à ces paroles. Depuis que son père lui avait dit qu’ils allaient voir les demoiselles coiffées, il se demandait qui pouvaient bien être ces célèbres dames. J’espère qu’elles ont mon âge et qu’elles voudront bien jouer avec moi.

– Dis papa, tu crois que les demoiselles, elles aiment les B.D. ? Je pourrais leur montrer celle que je lis.

– Je ne suis pas sûr qu’elles soient intéressées. D’ailleurs, elle te plaît celle que tu lis en ce moment ?

– Oh oui ! C’est l’histoire d’une petite fille qui veut accompagner son grand-père dans l’espace, mais ses parents ne veulent pas parce que c’est dangereux. C’est comme si je voulais aller dans l’espace, maman elle sera pas d’accord. Mais la petite fille elle veut vraiment y aller. Alors, un jour, elle se déguise en sa grand-mère, avec des échasses et une perruque et elle réussit à se glisser dans le vaisseau spatial. Sauf que, son grand-père, il savait que c’était elle. Mais finalement, il sourit et il la garde avec lui. Parce que, le pépé, il sait que ce n’est pas vraiment dangereux si on respecte le manuel de conduite dans l’espace. Après, il prévient les parents, parce qu’ils s’inquiétaient. Et le pépé il leur explique que c’est trop tard pour ramener sa petite-fille parce qu’ils sont déjà dans l’hyperuspace et puis… AÏE !

Emporté par son histoire, Tim avait buté son pied contre un caillou. Dans son élan, il s’étala de tout son long.

– Ouille, ouille.

– Pas trop de dégâts, mon chéri ?

Tim se releva en essuyant ses genoux sur lesquels s’était collée de la terre. Tout en reprenant ses esprits, il aperçut de drôles de formes derrière la forêt clairsemée.

– Papa, tu as vu ces gros rochers. Ils sont… étranges. On dirait des…

– Demoiselles Coiffées.

– Wouaaaaah ! Alors c’est elles ? Mais elles sont immenses !

Pas sûr qu’elles arrivent à lire ma B.D. depuis aussi haut…

Tim se hissa sur un banc pour mieux contempler les géantes de pierre qui s’attroupaient sous ses yeux au flanc de la montagne. Elles étaient formées d’une fine colonne rocheuse et étaient coiffées d’un caillou. Il y en avait de toutes les tailles : de minuscules cônes avec un énorme chapeau, des corps longilignes surmontés d’une mince couronne.

Le petit humain vint briser le calme du lieu. Les mains autour de sa bouche en porte-voix, il cria :

– EH, MESDEMOISELLES, VOUS VOULEZ QUE JE VOUS LISE UNE HISTOIRE ?

Seul son écho lui répondit. Le papa attendri attrapa Tim sous les aisselles pour le ramener par terre.

– Mmh. Pas de réponse. Bon… Dis papa, pourquoi elles sont installées là les demoiselles ? Et pourquoi elles parlent pas ?

Jérémy se trouva bête face aux questions de son fils. D’habitude, c’était sa femme qui racontait les histoires… Alors qu’il activait ses neurones pour inventer quelque chose, il fourra son pied dans une fourmilière.

– M… acaque.

– Papa ! C’est pas des macaques, c’est des fourmis.

Mais oui, la voilà, mon histoire ! pensa Jérémy en ôtant les minuscules insectes qui grouillaient sur sa chaussure.

– Les Demoiselles Coiffées, ce sont d’anciennes maisons de fourmis géantes qui datent de la préhistoire. Tu veux que je te raconte pourquoi il ne reste plus que leur habitation ?

– Bof ! Moi, j’suis sûr que c’est des antennes pour les extraterrestres.

1 : Pour connaître la version fourmis géantes du papa, cliquez ici.

2 : Pour connaître la version antennes extraterrestres du petit garçon, cliquez là.

1 : Quand les fourmis tutoyaient les dinosaures

– Avant la préhistoire, beaucoup d’espèces étaient bien plus grandes qu’aujourd’hui. Il y avait même des animaux qui n’existent plus et qui étaient immenses. Tu vois desquels je parle ?

– Ben oui, avant nous il y avait les dinosaures.

– Exactement. Quand ces grands sauriens ont disparu, quelques espèces géantes ont survécu et, quand l’Homme a évolué pour devenir Homo Sapiens, certaines d’entre elles occupaient encore les continents et les îles.

– Il y avait des dinosaures quand on a apparu ?

– Non, je te parle d’autres espèces qu’on connaît, mais qui étaient plus grandes. Pour en revenir à nos Demoiselles Coiffées, dans cette région, ce sont des fourmis géantes qui vivaient en harmonie avec la nature.

– Elles étaient plus grandes que moi ?

– Pas tout à fait. Elles étaient plutôt de la taille de ton bras.

– Wouah, c’est gros quand même.

– Eh oui ! Et donc, tu sais dans quoi ça vit une fourmi ?

– Facile ! Une fourmilière, répondit Tim, la fierté pointant sur le bout de son nez.

– Exact ! Et une fourmilière, ça a cette forme-là.

Jérémy attrapa un bâton et traça un cône dans le sable tout en continuant son explication.

– Maintenant, regarde la Demoiselle Coiffée… celle du fond là. Tu vois une ressemblance entre mon dessin et elle ?

– Oh oui, c’est la même forme. Alors ça veut dire que…

Tim plissa les yeux, semblant réfléchir intensément aux implications de sa conclusion.

– Je sais. Les Demoiselles Coiffées ce sont les maisons des fourmis géantes. Mais, à quoi il sert le gros caillou sur le dessus ?

À son tour, Jérémy fronça le nez. Un instant, malgré ses cheveux poivre et sel qui n’avaient rien à voir avec le blond des blés de ceux du petit garçon, aucun doute ne persista : ils étaient bien père et fils. Une idée éclaira le fond de ses yeux :

– C’est le toit ! Pour éviter que la pluie ne vienne détruire l’intérieur de leur habitat, elles installaient un chapeau de pierre.

– Ça devait être lourd, les pauvres.

– Elles s’y mettaient sûrement à plusieurs ; les fourmis sont très coopératives, tu sais.

– Et elles sont où maintenant les fourmis géantes ? Tu crois qu’elles sont dans leur maison ?

– Hélas non mon grand. Elles ont disparu.

– Disparu ? Mais pourquoi ?

Jérémy souffla. C’est fou ce qu’un aussi petit garçon pouvait se poser autant de questions. Il faillit renoncer puis décida plutôt de continuer un peu la randonnée afin de se laisser un temps de réflexion.

Quelques mètres après, la salle de bal des Demoiselles Coiffées se dévoila à leurs yeux. Voilà un autre problème qu’il va me falloir expliquer ! pensa le papa démuni face à la curiosité insatiable de Tim.

Il se dit qu’il pourrait aisément justifier la disparition des fourmis géantes par l’action néfaste des humains ; cela ferait une bonne leçon au garçon. Puis il hésita. C’est quand même cruel de tuer ces pauvres insectes, je pourrais leur trouver un sort moins… définitif. Bon, il faut bien qu’il comprenne que nos actes ont des conséquences, il n’y a pas d’âge pour apprendre cela. Jérémy reprit alors son récit.

– Du temps où les fourmis géantes vivaient ici, elles n’avaient qu’un seul prédateur, le fourmilier hypergéant. Mais malgré cela, l’équilibre était tel que les fourmis géantes se reproduisaient suffisamment pour que l’espèce survive. Or, un beau jour, arrivèrent de l’est, des animaux se tenant sur deux jambes et aux deux bras prolongés de drôles d’appendices qui gigotaient et pouvaient tenir des bâtons. Tu vois de quel animal il s’agit ?

– Euh, des singes ?

– Presque. Ce sont des Homo Sapiens dont je te parle, des humains si tu préfères, nos ancêtres.

– Mais on n’est pas des animal nous.

– Techniquement si. On est des animaux comme les autres. Regarde, certaines espèces sont bipèdes, c’est-à-dire qu’elles marchent sur leurs membres postérieurs, leurs jambes. Tu en connais ?

– Les singes !

– En effet, certains singes, mais aussi les kangourous par exemple. Ensuite, certains animaux ont des cerveaux encore plus gros que le nôtre, comme l’éléphant. Enfin tu vois l’idée, nous sommes une espèce animale parmi d’autres. Revenons en maintenant à nos fourmis géantes. Donc, elles vivent tranquillement dans le coin, construisent de magnifiques Demoiselles Coiffées comme maisons et de temps à autre, doivent lutter contre les fourmiliers hypergéants qui veulent en faire leur goûter. Un jour, des humains débarquent à la recherche de terres à cultiver et de nouveaux animaux à chasser. Au bout de quelques semaines d’exploration de la forêt, ils se rendent compte que, la seule espèce à leur portée, ce sont les fourmis géantes. Sauf qu’ils en ont déjà goûté et ils ne trouvent pas ça très bon. Au début, ils se contentent des légumes et fruits qu’ils cultivent. Mais avec l’hiver qui approche, le chef de la tribu s’inquiète. Pourtant, il a beau essayer de motiver ses troupes pour chasser la fourmi, ils s’y refusent.

– C’est vrai que c’est pas très bon la fourmi en même temps.

– Comment tu sais ça, toi ?

– Un jour, il y en avait sur un gâteau que j’ai mangé. Ça piquait la langue ! Beurk !

– Donc tu comprends pourquoi ils ne voulaient pas en manger. Sauf que, pour le chef, c’était vital qu’ils se mettent à en chasser. Alors il inventa une ruse. Un jour que toute la tribu était réunie pour fêter la naissance d’un enfant, le chef s’écroula sur le sol et fut pris de tremblements frénétiques; il rajouta même du dramatique en bavant. Les villageois, paniqués face à cette affection qu’ils ne connaissaient pas, ne surent quoi faire. En plein milieu de sa crise, le malade saisit au col une femme et murmura à son oreille : « va dans ma cahute et trouve la patte de fourmi géante dans le garde-manger. » Quelques minutes plus tard, elle revint avec le morceau d’insecte et le glissa entre les lèvres du malade dont les convulsions avaient redoublé. Presque immédiatement, le corps cessa de trembler. Le chef se redressa, semblant recouvrer ses esprits. Les villageois applaudirent face au miracle qui venait de se produire. Les fourmis géantes avaient maintenant une grande valeur à leurs yeux et ils se mirent à en chasser régulièrement de sorte à en avoir toujours dans le cas où l’un des leurs tombe malade. Le chef les incita même à en prendre en remède préventif.

– Mais c’était un mensonge, hein ? Il n’était pas vraiment malade. Pourquoi il voulait quand même que tout le monde en mange si ça n’aidait pas vraiment à les guérir ?

– Il était convaincu qu’ils avaient besoin de viande pour survivre, et la seule disponible était celle des fourmis géantes.

– C’est quand même pas bien de mentir comme ça.

Bon, maintenant, deux choix s’offrent à mon histoire. Laquelle choisir : la plus réaliste ou la moins cruelle ?

1.1 : Pour découvrir la version la plus réaliste, cliquez ici.

1.2 : Pour découvrir la version la moins cruelle, cliquez là.

2 : Et si les extraterrestres avaient des antennes ?

– Des antennes pour les extraterrestres ? C’est une drôle d’idée, ça. Tu peux m’en dire plus Tim ?

Le petit garçon toussa pour s’éclaircir la gorge tout en cherchant ses mots.

– Alors voilà. Bien avant que nous apparaissons, et même avant les dinosaures, des extraterrestres visitèrent notre planète. Ils trouvèrent bien intéressantes nos jolies forêts et toute cette eau qui remplissait la mer et les océans et les rivières aussi. Mais hélas, à ce moment-là, la vie ici était trop dangereuse, c’est pour ça qu’il n’y avait pas encore les dinosaures et nous. Alors ils ont eu l’idée de planter des antennes !

Tout à son récit, il pointa du doigt les Demoiselles Coiffées.

– Et à quoi elles étaient censées servir ? demanda Jérémy un peu perdu.

– Il y avait des câbles dans le sol qui surveillaient l’évolution sur Terre. Et grâce aux antennes, les informations étaient envoyées aux aliens. Et alors, dès que la planète devenait mieux, ils seraient venus s’installer.

– Mais alors, ça voudrait dire que des extraterrestres vivent parmi nous ?

– Ben non, justement, c’est ça le problème. C’est que les antennes, elles marchent pu !

– Oh ! Je vois ! Et pourquoi elles ne marchent plus ?

Tim fronça les sourcils. C’est fou ce que son papa pouvait en poser des questions. Il avait lu ou entendu quelque part que certains humains s’amusaient parfois à voler les câbles des trains ; ça lui donna alors une idée.

– Quand les humains ils ont creusé le sol par ici, ils ont trouvé les câbles. Sauf qu’ils ne savaient pas ce que c’était, ils ne savaient pas que ça servait aux aliens. Mais ils réalisèrent que les câbles pouvaient servir pour faire rouler des voitures. Alors ils se mirent à les ramasser.

– Mais les extraterrestres ont bien dû se rendre compte du problème, non ? Ils ne sont pas venus le résoudre ?

– Mmh, non !

Deux idées germèrent simultanément dans l’esprit du petit conteur : une où les antennes cessaient de fonctionner et une autre où, peut-être, elles seraient encore en fonctionnement…

2.1 : Pour découvrir sa première idée, cliquez ici.

2.2 : Pour découvrir sa deuxième idée, cliquez là.

1.1 : Apprendre des erreurs du passé

– En effet, mentir, ce n’est jamais une bonne idée, tu as raison. Donc les Hommes se mettent à chasser la fourmi. Leur petite communauté grandit et ils ont de plus en plus besoin de fourmis géantes comme médicament. Alors ils en chassent de plus en plus. Les fourmis géantes n’ont plus le temps de se reproduire. Elles sont de moins en moins nombreuses et les humains toujours plus nombreux. Un jour, les Demoiselles Coiffées n’abritent plus de fourmis géantes. Elles ont toutes été tuées par les humains.

– Mais c’est horrible !

– Et tu sais quelle espèce disparaît aussi à la suite de la mort des fourmis géantes ?

Tim secoua la tête, encore trop horrifié par l’histoire de son papa pour réussir à réfléchir clairement.

– Les fourmiliers hypergéants. Tu comprends pourquoi ?

– Ça mange que des fourmis les fourmiliers ?

– Oui.

– Alors c’est parce qu’ils n’avaient plus rien à manger. Pourtant eux qui mangeaient les fourmis, ils ne les avaient jamais fait disparaître. Pourquoi ?

– Car ils n’en consommaient pas plus que nécessaire et qu’eux-mêmes avaient sûrement un prédateur qui limitait leur nombre. Cela assurait un équilibre parfait. Que l’Homme est venu briser.

– Alors c’est nous qu’on a tué les fourmis géantes ?

– Oui. Enfin, nos ancêtres. Mais bon, on ne fait pas mieux aujourd’hui. Beaucoup d’espèces ont disparu par notre faute.

– C’est dommage. J’aurais bien aimé voir des fourmis géantes habiter dans leurs maisons coiffées. Les pauvres. Et pourquoi ça s’appelle la salle de bal ici, papa ?

Jérémy avait pour espoir que le petit garçon ne réussirait pas à déchiffrer les lettres presque effacées du panneau. Loupé !

– Eh bien, j’imagine que les fourmis géantes devaient aimer danser.

– Pfff, tu dis n’importe quoi papa !

Jérémy attrapa la main du petit garçon et la serra fort dans la sienne. Il se mit à rire et le rire cristallin de Tim l’accompagna. Côte à côte, en silence, ils reprirent leur randonnée. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les Demoiselles Coiffées avaient un autre nom : on les appelait aussi « Cheminées de Fées ». Déjà trop loin et les pensées tournées vers le pique-nique délicieux qui les attendait, ils n’entendirent pas les rires amusés qui s’élevèrent dans les airs après leur départ. Pourtant, il n’était que tous les deux dans la forêt… Mais ceci est une autre histoire.

1.2 : Quand grandir ne suffit pas…

– En effet, mentir, ce n’est jamais une bonne idée, tu as raison. Donc les Hommes se mettent à chasser la fourmi. Leur petite communauté grandit et ils ont de plus en plus besoin de fourmis géantes comme médicament. Alors ils en chassent de plus en plus.Mais les fourmis ne se laissent pas faire. Elles essayent d’abord de lutter en jetant de l’acide formique sur leurs assaillants. Mais ceux-ci fabriquent des boucliers spéciaux. Il ne reste aux fourmis qu’une solution : se cacher. Elles désertent leurs maisons et se précipitent dans la forêt. Sauf qu’elles sont trop grosses et sont visibles sur les branches des arbres. Les Hommes créent des arcs et flèches pour les atteindre en hauteur. Un jour, une fourmi géante enceinte se réfugie dans le creux d’un tronc pour mettre au monde ses petits. Mais l’espace est tellement étroit qu’il y a à peine la place pour elle, ses enfants et les réserves de nourriture qu’elle a faites. Ses bébés grandissent alors à l’étroit, tant et si bien qu’ils ne se développent pas jusqu’à la taille habituelle. Ainsi débute le rapetissement des fourmis. Car grâce à cette réduction, elles se rendent compte qu’elles peuvent plus facilement échapper à l’Homme. De fil en aiguille, elles deviennent de plus en plus minuscules pour atteindre la taille qu’on leur connaît aujourd’hui.

– Pfff, elles sont pas très malines quand même !

– Pourquoi tu dis ça, Tim ?

– Ben, elles auraient pas dû devenir aussi petites parce que maintenant, d’accord on les mange pu, mais on les écrabouille avec nos gros pieds vu qu’on les voit pas.

Jérémy rigola à cette remarque pertinente. Après tout, si c’était sa femme la préposée aux histoires, ce n’était pas pour rien.

– Et Tim, tu sais quel animal est à son tour devenu plus petit pour survivre ?

Tim secoua la tête, se demandant encore pourquoi les fourmis ne s’étaient pas arrêtées à une taille suffisante pour se cacher et pour ne pas se faire écraser.

– Les fourmiliers hypergéants. Tu comprends pourquoi ?

– Ça mange que des fourmis les fourmiliers ?

– Oui.

– Alors c’est parce que leur trompe était trop grande ?

– Exact ! Tu saisis vraiment vite fiston, c’est super.

– Mais pourquoi les humains d’ici, ils sont pas devenus petits eux aussi pour continuer à manger des fourmis ?

Zut, je n’y avais pas pensé à celle-là. Jérémy se frotta le menton, comme si ce geste était d’une aide quelconque dans la découverte d’une réponse pertinente. Frottement de menton ou non, lui vint une idée.

– Si les Hommes ne se sont pas adaptés à la nouvelle taille des fourmis, cela veut simplement dire qu’ils n’avaient pas besoin d’elles pour survivre. Ils ont donc cessé d’en manger. Le remède à base de fourmis devint alors une légende et les Hommes se tournèrent vers les plantes pour se soigner. Ce qui était bien plus efficace.

– Mais, moi, je comprends pas quand même. Si, en vrai, ça servait à rien, pourquoi, quand le premier chef, il est mort, les autres n’ont pas arrêté de manger des fourmis géantes. Car ils avaient bien dû se rendre compte que ça ne les sauvait pas des maladies.

– Ah ! Ça, c’est une très bonne question : c’est que, dans la tête de toute la tribu, se nourrir de fourmi était vital, car cela avait sauvé leur chef. Alors ils transmirent cette croyance à leurs enfants, qui la transmirent à leur tour à leurs enfants, etc.

Le petit garçon fronça les sourcils pour saisir tout le sens de ces derniers mots. Puis son attention fut détournée par une pancarte qu’il n’avait pas encore lue.

– Pourquoi ça s’appelle la salle de bal ici, papa ?

Jérémy avait pour espoir que le petit garçon ne réussirait pas à déchiffrer les lettres presque effacées du panneau. Loupé !

– Eh bien, j’imagine que les fourmis géantes devaient aimer danser.

– Pfff, tu dis n’importe quoi papa !

Jérémy attrapa la main du petit garçon et la serra fort dans la sienne. Il se mit à rire et le rire cristallin de Tim l’accompagna. Côte à côte, en silence, ils reprirent leur randonnée. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les Demoiselles Coiffées avaient un autre nom : on les appelait aussi « Cheminées de Fées ». Déjà trop loin et les pensées tournées vers le pique-nique délicieux qui les attendait, ils n’entendirent pas les rires amusés qui s’élevèrent dans les airs après leur départ. Pourtant, il n’était que tous les deux dans la forêt… Mais ceci est une autre histoire.

2.1 : Jusqu’à la dernière miette…

– Les humains ont fini par utiliser tous les câbles vu qu’ils avaient beaucoup de voitures à faire rouler. Les aliens ont donc arrêté de recevoir les informations de la planète. Alors ils ont cru qu’elle était détruite et ils ne sont jamais revenus.

– En effet, ça se tient.

Jérémy était impressionné par la logique de son fils ; il n’aurait pas mieux fait lui-même. Tous deux perdus dans leurs pensées ils continuèrent leur randonnée sur le chemin sinueux. Quelques mètres plus loin, s’ouvrirent devant leurs yeux les portes de la salle de bal des Demoiselles Coiffées.

– Ah ben tiens, voilà autre chose. Tu as une idée de ce que pourrait bien être cette fameuse salle de bal pour tes aliens ?

Le petit garçon resta coi un instant. Quelle drôle d’idée d’appeler ça comme ça ! C’est pas une salle, il n’y a pas de toit ! pensa-t-il tout en contemplant l’amas serré de Demoiselles Coiffées.

– Eh ben tu sais quoi papa, je pense que les aliens devaient être ménomanes et ils aimaient danser !

Jérémy éclata de rire.

– Tu te moques de moi ?

– Mais non mon grand, c’est tout l’inverse ! Tu m’épates !

Jérémy attrapa la main du petit garçon et la serra fort dans la sienne. Il se mit à rire et le rire cristallin de Tim l’accompagna. Côte à côte, en silence, ils reprirent leur randonnée. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les Demoiselles Coiffées avaient un autre nom : on les appelait aussi « Cheminées de Fées ». Déjà trop loin et les pensées tournées vers le pique-nique délicieux qui les attendait, ils n’entendirent pas les rires amusés qui s’élevèrent dans les airs après leur départ. Pourtant, il n’était que tous les deux dans la forêt… Mais ceci est une autre histoire.

2.2 : Secret d’État

– Les humains avaient de plus en plus de voitures alors ils utilisaient de plus en plus de câbles. Mais un jour, un scientifique découvra que le métal n’était pas terrien. Alors des gens du gouverment ils sont venus dans son laboratoire et ont volé toutes ses recherches. Puis finalement ils ont découvert la vraie origine du métal, mais ils ne pouvaient pas le dire à tout le monde. Alors, euh…

Tim réfléchit pour démêler les nœuds qu’il venait de créer dans sa tête. Il laissa divaguer son regard sur la Demoiselle Coiffée qui sembla lui faire un clin d’œil.

– Ah voilà je sais ! Le gouverment, ils disent que le métal il est relié aux Demoiselles et que si on les enlève elles vont s’écrouler. Alors ils les classent euh, comment qu’on dit déjà ? Mmh, à l’usanco ?

Jérémy dut se concentrer pour saisir le sens des derniers mots de son fils.

– Aaaah, au patrimoine mondial de l’UNESCO.

– Oui, comme ça les Demoiselles Coiffées sont protégées et les informations sur notre planète continuent d’arriver aux aliens.

– D’accord, d’accord. Mais pourquoi notre gouvernement voudrait que des extraterrestres en apprennent plus sur la Terre ?

– Ben pour qu’ils viennent nous sauver si jamais on détruit tout.

Jérémy sentit un pincement à son cœur. À son époque, sa seule préoccupation était de savoir quand sa mère l’autoriserait à nouveau à jouer au rugby avec ses amis. De nos jours, les enfants devaient aussi se soucier de préserver leur planète, planète que lui et ses parents avaient négligée.

Tous deux perdus dans leurs pensées, ils continuèrent leur randonnée sur le chemin sinueux. Quelques mètres plus loin, s’ouvrirent devant leurs yeux les portes de la salle de bal des Demoiselles Coiffées.

– Ah ben tiens, voilà autre chose. Tu as une idée de ce que pourrait bien être cette fameuse salle de bal pour tes aliens ?

Le petit garçon resta coi un instant. Quelle drôle d’idée d’appeler ça comme ça ! C’est pas une salle, il n’y a pas de toit ! pensa-t-il tout en contemplant l’amas serré de Demoiselles Coiffées.

– Eh ben tu sais quoi papa, je pense que les aliens devaient être ménomanes !

Jérémy éclata de rire.

– Tu te moques de moi ?

– Mais non mon grand, c’est tout l’inverse ! Tu m’épates !

Jérémy attrapa la main du petit garçon et la serra fort dans la sienne. Il se mit à rire et le rire cristallin de Tim l’accompagna. Côte à côte, en silence, ils reprirent leur randonnée. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que les Demoiselles Coiffées avaient un autre nom : on les appelait aussi « Cheminées de Fées ». Déjà trop loin et les pensées tournées vers le pique-nique délicieux qui les attendait, ils n’entendirent pas les rires amusés qui s’élevèrent dans les airs après leur départ. Pourtant, il n’était que tous les deux dans la forêt… Mais ceci est une autre histoire.

Rose, la romancière nomade

PHOTO BONUS

Pour une meilleure histoire, l’auteure se sacrifie en se mettant dans la peau des personnages…

Réalité vs. Fiction

J’ai découvert cette forêt magique en août, dans les Hautes-Alpes, au-dessus de Théus. Ces Demoiselles enchanteresses n’ont pas eu de mal à m’inspirer, comme vous l’avez lu ! J’avais bien pris soin de ne pas me renseigner en amont sur l’origine de ces forces de la nature. Pourtant, il y a, hélas, une réalité géologique assez simple pour expliquer ces constructions rocheuses… mais ceci est une autre histoire.

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